Apnées multiples

C’est un truc très spécial ça de pouvoir se dire que moi comme elle, nous savons des choses sur l’autre que nos propres conjoints ne savent pas.  

Et des vraies choses je veux dire, pas seulement ce que tu prends au petit dej le matin, non, des vrais trucs quoi.

Ce que tu aimes vraiment, ce qui te fait vibrer, ce que tu aimes, ce que tu as aimé, les secrets intimes qu’on peut partager en toute honnêteté.

Et alors là, digression rapide. Jamais je n’ai été aussi a l’aise avec quelqu’un pour parler de n’importe quel sujet.

Aïe, je revois son sourire...qu’est-ce qu’elle me manque, c’est horrible.

Et elle, elle tient parole. Elle ne me donne pas un signe de vie comme elle en a fait la promesse. C’est tout elle ça. Un roc dans un corps de rêve.   

Et moi je gamberge, encore et toujours. Je sais que je suis passé à côté d’un amour tellement improbable qu’il en paraît presque irréel.

Et pourtant plus réel, c’est impossible. En fait, elle m’a carrément rendu à la vie. Encore plus maintenant, je me rends compte en creux comme elle est importante pour moi, tout ce qu’elle m’a apporté, ce renouveau en moi, cette satiété lorsque je suis avec elle, jamais je n’ai connu ça auparavant.

Mais elle, comment va-t-elle ? je ne peux pas imaginer ses soirées en ce moment. Comment ça se passe ? comme si de rien n’était ? Mieux, avec plus complicité ? Ou pire, avec des silences gênés ?

Moi je passe des heures à penser à elle, je m’endors avec elle, je me réveille avec elle, je mange avec elle, je vis avec elle.

Quand je pense que je suis 10 heures par jour à 30 mètres de son bureau et que je ne peux pas y mettre les pieds. C’est écoeurant.

Rien à regretter dans tout ce qu’on a vécu. Tout était génial, même les retrouvailles après les rares incompréhensions passagères qu’il y a pu avoir.

Une maîtresse, bien sûr, une complice, une amie, un exemple, une inspiratrice, une motivation, une que sais-je encore, une « quedubonus », les mots manquent pour dire tout ce qu’elle représente.

Ma pauvre chérie, tous ces malheurs et ce que tu subis en ce moment, c’est à moi que tu le dois. Si tu savais comme je m’en veux…

Maintenant la question c’est est-ce que ça va aller pour elle dans cette nouvelle vie avec R ? Est-ce qu’elle va finalement trouver de l’apaisement ou cela va-t-il mal tourner ?

Est-ce qu’elle est soulagée au bout du compte de ne plus avoir à mentir et de pouvoir retrouver une vie calme ?

Pour l’instant, aucune échappatoire et de toutes façons, je pense qu’elle ne retentera pas l’expérience, sauf si ça allait plus mal justement, le couperet est passé trop près.

Une question me taraude toutefois : Si moi d’un seul coup de baguette magique j’étais célibataire, serait-elle d’accord pour partager ma vie ?

On a « failli » le faire, comme je sais qu’elle déteste ce verbe : faillir…oui elle a bien raison, c’est un verbe qui veut dire « presque » beaucoup.

Mais aujourd’hui, 3 ans après cette tentative avortée avant même qu’elle soit commencée, qu’en serait-il ?

Une autre question : supposons qu’on ne se voit pas pendant que sais-je, 3 mois (juste carrément impossible mais bon…), comment se passeraient nos retrouvailles ?

Plusieurs fois on s’est posé la question, notamment quand on partait en vacances mais ça ne durait jamais plus longtemps que 3 semaines et puis on savait qu’on allait se revoir au bout, et qu’on aurait plaisir à se voir, mais là, c’est le contraire.

Grand Architecte, tu sais que j’ai servi ton ordre avec fidélité pendant longtemps, avec foi et ferveur. Je n’ai jamais rien demandé, si ce n’est de bien faire ma mission ;

Aujourd’hui, je te le demande : fais en sorte que nos desseins se croisent de nouveau, je ne saurais vivre pleinement sans cela.

Putain, je déconne complètement là… c’est que vraiment ça va mal. Ce que je ne comprends pas encore, c’est pourquoi elle ne me dit rien. Est-ce vraiment parce qu’elle tient à sa parole ? est-ce parce que du coup elle va profiter de la situation pour se sortir de moi ?

J’en sais rien, ça me mine…Une promesse arrachée sous la menace n’est pas valide merde !

Comportement erratique, c’est comme ça que je pourrais qualifier ma façon d’être en ce moment. Je ne sais pas si ça existe en psychologie mais je bascule de l’énervement à la déprime en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Ça ressemblerait presque aux symptômes de la dépression ça. Il fallait que je m’attende à quoi ?

Tu crois que je peux me passer d’une vie comme ça toi ? c’est quoi qui me manque comme ça bordel !